En réaction au “BOUQUET DE MESURES POUR LA POLITIQUE CLIMATIQUE SUISSE”

Communiqué de presse

19.08.19

Après avoir pris connaissance vendredi soir du communiqué de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil des Etats, le collectif Grève du Climat Vaud souhaite saluer son engagement idéaliste. En effet, la commission parlementaire pense combattre efficacement le péril climatique en se contentant de nommer des objectifs lointains et scientifiquement insuffisants sans se soucier des aspects sociaux et de durabilité, ni se doter de conditions cadres ambitieuses. Nous aurions souhaité un réel plan durabilité et climat, tel que celui élaboré par des membres de notre mouvement pour le canton de Vaud. Nous espérons que les partenaires avec lesquels nous avons pu engager des discussions feront preuve de plus de pragmatisme pour permettre un aboutissement rapide de notre travail commun. 

A l’affirmation “La commission est convaincue que le train de mesures qu’elle propose dans la loi sur le CO2 permettra de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de les ramener à zéro d’ici à 2050, comme le prévoit l’Accord de Paris.”, nous souhaitons rappeler à la commission que les engagements pris par la Suisse dans l’Accord de Paris concernaient une réduction des émissions de 50% en 2030, il est fait mention de la date 2050 uniquement dans des objectifs indicatif à « long-terme » des NDC (nationally determined contribution). Nous regrettons cette remise calendaire des objectifs, et craignons qu’il ne serve uniquement à garantir une stabilité économique provisoire, au détriment des impacts sur l’environnement et la population à moyen terme. 

Une lecture attentive du rapport SR15 du GIEC (rapport de 2018, étudiant la possibilité de limiter le réchauffement en dessous de 1.5°C par rapport au niveau préindustriel) permet de lier le total des émissions nettes de CO2 jusqu’aux émissions nettes nulles à une probabilité (pourcentage de chance) de contenir le réchauffement sous le seuil de 1.5°C. Si la neutralité carbone est atteinte en 2050 en suivant une courbe fortement décroissante dès 2020, cette probabilité est de 50%, sans tenir compte des effets de la fonte du permafrost et des zones humides. Si l’on tient compte des effets de celles-ci, et sans envisager des techniques de capture de carbone, inexistantes à cette échelle, et que l’on souhaite conserver deux tiers de chances, la Suisse doit atteindre la neutralité carbone en 2030 avec une réduction forte dès janvier 2020. 

Ce rapport détaille par ailleurs les effets sur l’environnement, les écosystèmes et les populations humaines pour un réchauffement de 1.5°C ou 2°C. Comme le dit Hans-Otto Pörtner, vice-président du groupe de travail II du GIEC, “Chaque dixième supplémentaire de réchauffement est à considérer, en particulier parce qu’à partir de 1.5°C de réchauffement, les risques de changements de longue durée ou irréversibles augmentent, comme la perte de certains écosystèmes.” En effet des points de basculement existent, qui causeront des effets rétroactifs en chaîne dont les effets ne sont pas prévisibles. 

Nous appelons à encore plus de courage politique, en particulier pour des engagements contraignants transversaux, en particulier concernant le secteur financier suisse, selon les engagements pris dans l’Accord de Paris, Article 2(c). La commission considère déjà “qu’il a un rôle clé à jouer dans la transition vers une économie et une société à faibles émissions de gaz à effet de serre et résilientes aux changements climatiques”2 mais refuse de proposer des mesures. Nous demandons des contreparties aux taxes proposées, qui doivent servir à financer un réel projet de société, pas des timides mesures d’adaptation. 

liens : communiqué du parlement