Le Conseil d’État vaudois rencontre des étudiants de la Grève du Climat

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Le Conseil d’État vaudois a invité lundi des militant·e·s du mouvement de la Grève du Climat à venir discuter du plan climat du canton. La rencontre a eu lieu au Château cantonal avec une délégation du Conseil d’État et des membres de l’administration. 

Les militant·e·s de la Grève du Climat ont été reçu·e·s par la délégation dédiée à la question climatique, composée des Conseillères d’État Mesdames Gorrite, De Quattro et Amarelle, leurs collaborateurs personnels, ainsi que M. Neet, directeur général de l’environnement, M. Muller, directeur de la DGE-DIREV et Mme. Nyffeler-Sadras, cheffe de projet climat. Une délégation de la commission de Jeunes du canton de Vaud était également présente.

Lors de cette rencontre, les points suivants ont été soulevés par la Grève du Climat :

  1. Nous avons demandé que le premier paquet de mesures, annoncé par le Conseil d’État pour le printemps 2020, respecte la 2ème demande de la Grève du Climat, à savoir, que la transition se fasse avec au moins 13%/an de réduction de gaz à effet de serre (et en particulier de CO2) dès janvier 2020, puis de 8%/an dès janvier 2024 pour atteindre zéro net en janvier 2030.
  2. Nous avons demandé que les « coûts » de la transition soient classés comme des investissements, afin qu’ils proviennent des budgets du canton et ne reposent pas financièrement sur tou·te·s les citoyen·ne·s, respectant l’un des principes fondamentaux de la justice climatique, conformément à la 3ème demande de la Grève du Climat.
  3. Nous avons insisté pour qu’un comité transdisciplinaire indépendant soit créé et soutenu financièrement par le gouvernement afin de piloter la transition et d’impliquer les différent·e·s acteur·trice·s de la société en amont.
  4. Nous avons rappelé que l’objectif de limiter le réchauffement global à +1.5°C par rapport à l’ère pré-industrielle n’est pas un objectif ‘sympathique’ mais bien ‘nécessaire’. La vie telle que nous la connaissons est beaucoup plus menacée à +2 °C (soit +8 °C en Suisse), avec notamment l’enclenchement de boucles de rétroaction irréversibles.
  5. Nous avons remis au Conseil d’État une brochure en français sur les analyses publiées par le GIEC, détaillant les différences fondamentales entre un réchauffement de 1.5°C et de 2°C. Cette brochure de présentation scientifique a été conçue par le Prof. Jean-Pascal van Ypersele, Vice-Président du GIEC du cycle AR5, invité spécial du Sommet Européen de Fridays For Future qui s’est tenu à Lausanne cet été.
  6. Nous avons suggéré d’impliquer plus fortement la société civile pour co-élaborer le plan afin qu’il soit juste pour notre génération et les générations futures.

En décalage avec la réalité climatique

Les membres du gouvernement ont présenté une vision inconsistante avec les conclusions scientifiques actuelles, et dont les objectifs ne permettent pas de limiter le réchauffement climatique à 1,5° C, ni de respecter les Accords de Paris. De plus, il n’y a pas encore d’objectif de réduction de CO2 pour 2020, ni de date prévue pour le zéro net d’émissions de gaz à effet de serre.

L’approche du Conseil d’État apparaît comme irréaliste, n’offrant pas les outils nécessaires à la gestion du virage historique en cours, et pourrait mener à un futur très peu désirable. Les outils ne manquent pourtant pas, à l’image de ceux indiqués dans le plan climat (planclimat.org), réalisés par les militant·e·s au travers de plusieurs ateliers participatifs et soumis aux élu·e·s pendant l’été.

“Nous avons fait le constat de l’impuissance du Conseil d’État face à l’ampleur de la crise. Les personnes présentes font preuve de bonne volonté, mais sont limitées par la structure du gouvernement et la vision qu’elles s’imposent de leur position. Le plan actuel n’est pas mauvais, mais il a trente ans de retard sur la réalité.”

Johann Recordon, membre de la Grève du Climat.

Pour plus de démocratie

Les militant·e·s de la Grève du Climat ont soulevé un manque de démocratie dans le processus de gestion de la crise environnementale. En effet, seule une consultation de la population est envisagée sur les mesures proposées par le Plan climat vaudois. Iels déplorent également une implication considérée comme tardive et insuffisante des scientifiques dans le processus.

Pour palier à ce manquement, le collectif proposera une alternative le 27 septembre en marge des grèves locales. Cette approche citoyenne visera la création d’un canton résilient et aligné avec les limites de la planète, impliquant toutes les parties prenantes dans le processus de décision. Le collectif invite d’ailleurs tou·te·s les habitant·e·s de Suisse à venir manifester pour plus de justice et des actions immédiates, le 27 septembre dans toute la suisse et le 28 à Berne.

Sources

  1. https://www.ipcc.ch/sr15/chapter/spm/
  2. https://plateforme-wallonne-giec.be/assets/documents/P_Wallonne-GIEC_Lettre11.pdf
  3. https://www.klimareporter.de/erdsystem/klimaneutralitaet-kommt-2050-zwei-jahrzehnte-zu-spaet et https://www.nature.com/articles/s41586-019-1368-z
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