Aujourd’hui a eu lieu une action contre UBS organisée par la Grève du Climat dans le cadre de la campagne au Conseil d’Etat en collaboration avec Extinction Rebellion ainsi que des chercheurs, chercheuses, scientifiques et personnalités publiques.
La place financière suisse produit 22x plus d’émissions de gaz à effet de serre que la Suisse entière (industries et population). 26ème place des banques les plus polluantes au monde, UBS a investi 25,84 milliards de dollars dans les énergies fossiles entre 2016 et 2018. Pour dénoncer l’énorme impact des investissements de la place financière suisse sur le climat, et particulièrement le rôle de l’UBS, le collectif vaudois de la Grève du Climat avec des militant·e·s d’Extinction Rebellion (XR), Julia Steinberger (docteure en physique et co-autrice du GIEC), Dominique Bourg (professeur honoraire à l’Université de Lausanne) et Yvan Richardet (comédien vaudois), ont bloqué l’agence UBS de St-François. Cette action théâtrale avait pour but de pointer les principaux responsables suisses du dérèglement climatique global: les institutions financières et leurs investissements.
C’est sur le 4e mouvement de la « symphonie du Nouveau Monde » et avec des sacs remplis de charbon que les activistes ont bloqué l’agence de Saint-François d’UBS. « On sortira quand vous sortirez des énergies fossiles », « on vous rend votre charbon, pétrole, gaz de schiste », « mon argent pollue plus que moi », « si vous brûlez ce charbon, vous nous tuez » : l’action exigeait d’UBS la fin immédiate des investissements dans les énergies fossiles. Ayant constaté l’inertie des pouvoirs publics et l’incompatibilité du fonctionnement des banques avec la survie de l’humanité, les militant·e·s se voient contraint·e·s à choisir la voie de la désobéissance civile, les autres démarches (appels, courriers, pétitions) adressées à UBS et aux autres banques leur demandant de cesser leurs activités mortifères étant restées lettres mortes.
À l’issue de cette action, la Grève du Climat Vaud et les militant-e-s revendiquent :
- La sortie totale des énergies fossiles pour 2030, à commencer par la fin des investissements dans l’exploration fossile et les infrastructures fossiles dès janvier 2020, et une décroissance de 1% par mois de l’usage du pétrole, charbon et autres fossiles. (Et cela pour avoir seulement 66% de chance de maintenir l’augmentation de température à +1.5°C)
- Dès janvier 2020, les institutions financières suisses doivent fournir un scénario public et transparent compatible avec un réchauffement climatique en dessous de +1.5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Si cela n’est pas réalisé, les autorités cantonales doivent cesser leur collaboration avec ces institutions et instaurer un contrôle démocratique des investissements sur des critères durables.
- L’Etat de Vaud, pour contribuer à la justice climatique et protéger nos droits fondamentaux, doit percevoir des taxes sur les activités polluantes des institutions financières (et entreprises multinationales) pour financer un fond écologique et social.
- Nous demandons l’amnistie de tou·te·s les activistes qui, en vertu de leur devoir moral, ont décidé et décideront de bloquer toute institution financière qui par ses buts et actions continue de détruire notre planète, ses espèces (dont la nôtre) et ressources limitées.
- Si l’Etat n’est pas en mesure d’agir contre la crise la plus imminente qui menace notre survie, qu’il n’est pas capable de cesser de travailler avec des banques qui enfreignent les principes de droits fondamentaux, de cesser de les accueillir dans des conditions fiscales favorables, il reviendra aux citoyennes et citoyens, par devoir moral, de bloquer le secteur financier jusqu’à ce que cela change. À ce sujet, la Justice a reconnu hier la légitimité et la nécessité de faire usage de voies démocratiques alternatives, comme ce genre d’action, pour combattre le danger imminent du réchauffement climatique provoqué par ces institutions financières.
À ce jour, ni Crédit Suisse ni UBS n’ont été condamnés pour leur fonctionnement écocide et destructeur. Nous ne sommes pas dupes de leurs promesses illusoires de cet automne : tant qu’un changement réel et non symbolique ne sera pas entrepris, nous continuerons les mobilisations, symboliques comme plus radicales. Pour notre survie, la pression sur l’Etat et les entreprises doit augmenter. Et comme le dit la musique, c’est un nouveau monde qui doit émerger en 2020, à l’image des millions de personnes qui manifestent pour le climat et notre humanité. L’ancien monde basé sur le profit contre toute morale part en poussière. 2020 marque le début d’une nouvelle décennie et le dernier moment pour agir pour nos vies et le climat.